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Archive for the ‘arbres’ Category

Cri de guerre à cette saison, dès qu’il fait moins froid dans nos jardins. Et cri de désespoir : tout ce qui nous semblait acquis l’année dernière, de la distinction des bourgeons à fruits de ceux à feuilles, latents ou pas, des formations des charpentes à la meilleure manière de ratiboiser les framboisiers sans risquer l’absence de fruits l’été suivant… Tout oublié! Doit-on couper ras les cornouillers pour qu’ils gardent leurs beaux rameaux colorés? Et comment mettre en boule les lavandes?

Le petit guide qui est sorti chez Marabout Côté jardin a l’avantage d’être pédagogique. Pas de distinctions savantes entre les différents rameaux et leurs usages futurs. Pas de théories mais des croquis. Les traitements à appliquer paraissent sensés et les explications assez tranquillisantes pour que l’envie du sécateur et des cisailles nous reprennent. Dès le dégel, tous coupables!

Réussir pas à pas la taille, 200 espèces et variétés de plantes à tailler, Marabout Côté jardin, 12,99

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Les frémissements. Une feuille qui se déplie, une brouillard couleur mousse pour filtrer le soleil dans les branches des bouleaux. Le premier coussin de primevères et la première coupe de tulipe aussi translucide et soyeuses que les vases d’Emile Gallé.

Et tout à coup la folie, la danse, l’émerveillement des milliers de flocons, légers comme l’air, d’une fragilité d’un papier de soie japonais. Tout le jardin exulte, blanc et rosé, doré au début et à la fin du jour. Chacun se rêve des voyages au bout du monde jusqu’au fond du clos. L’air pétille d’envies et d’envols.

Quel bonheur!

Les bouleaux, encore endormis, accrochent les nuages pour s'habiller.

Les promesses en coussins colorés

Les Lorrains reconnaissent les épaisseurs de la pâte de cristal et les rondeurs pansues des coupes de Gallé.

Les poiriers, bénis des dieux. Les premiers à oser ouvrir vers le soleil un œil blanc pur ponctué des minuscules pastilles noires de leur bout d'étamines.

Cette jolie fritillaire meleagris, appelée aussi œuf de pintade, pousse spontanément dans les bas humides. Normalement, elle préfère les prairies. Chez nous, elle a élu domicile et s'y reproduit abondamment dans un petit bosquet. Pour lui ménager des clairières, nous allons souvent élaguer et nettoyer les ronces et autres mangeuses de lumière.

Et puis voilà que le saule se met à mousser. En vert tendre, il colorie le clos et envoie des bigoudis se balader dans tous les sens. A travers les cils de ses branches, on aperçoit la praire et les alignements de poiriers qui attendent sagement la fin de sa métamorphose.

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Au matin, le soleil d'hiver crée des effets d'eau et de lumière dansante entre les branches du tilleul.

Fin janvier. Au moindre rayon de soleil, nous voilà pleins d’espoir.

Le jardin aussi se met à ronronner et à faire le gros dos. Or sur les mousses des murs, rayon biaisé dans les allées, entre les rosiers qui n’ont pas encore été taillés. Danse de guingois des baies, ; celles du cotoneaster qui ont fait le régal du faisan au gros du froid ; celles toute tremblantes de pluie des cynorhodons, ces grassouillets petit gratte-cul des rosiers sauvages.

Les fragiles commencent à avoir l’air bête, pelotonnées dans leurs fourrures de taille de gazon et de voiles. La rangée des artichauts prend des airs de ruisseau encagé, l’olivier joue les fantômes et Line Renaud garde bravement ses feuilles malgré le gel, ses jeunes racines bien au chaud dans le compost.

Il y a comme un friselis de fièvre entre le champs et le jardin, de longs conciliabules de chattes, des cris dans la mangeoire aux oiseaux.

Pas encore de hérisson en vue.

Les quelques baies du cotoneaster que le faisan n'a pas encore mangées. En une heure, il est capable de dénuder deux ou trois pieds à la fois.

Les fruits replets du rosier sauvage servent à nourrir mésanges et verdiers. Ils tendent joyeusement leurs décorations de Noël dans le jardin un peu terne.

Les fantômes attendent qu’on les démaillote

Les artichauts devront attendre encore un peu: leurs jeunes pousses craignent les coups de froid traitres de la nuit. Les voiles sont retenus par de gros rondins, seuls à être assez lourds pour résister au vent.

Le petit olivier a bénéficié d’une double protection : voile pour les branches et compost pour le pied. Il semble fragile. C’est la seconde fois qu’il repart du pied à la fin de l’hiver. Le gros olivier, âgé de plus de trente ans, n’a jamais droit à ces précautions.

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A peine installées sur les rayonnages du fruitier, les pommes commencent leur migrations. La plupart s’installent dans le calme, au cœur de cette bibliothèque silencieuse qui sent le fruit à pleine goulée, à grandes respirations. Elles y somnolent sans bouger, parfois saccagées par le passage d’une souris.

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Un regard dans un océan de noir

D’autres entament une curieuse mutation. A la recherche d’une vie foisonnante, pastillée de couleurs sombres, de matières nouvelles. Les pommes font leur mutation, dans le rouille, le plus souvent, avec des barbes et des ocellés de moisi. Dans le noir, plus rarement, dévolue à la matière cuir, bravement lustrées et craquelées comme un vieux sac de voyage. Pour ouvrir un œil rond, plongé dans un océan de noir intense.

Plus tout à fait fruit, pas encore abîmées, elles semblent oublier leur chair croquante pour se concentrer exclusivement à leur emballage. Peau tannée, entre cuir et pierre de silex, entre marbre poli et bronze, elles inventent des coloris de bleu en surface de leur cuvette. Autour de l’étoile résidus d’étamines, un éparpillement d’astres.

Et plus rien ne bouge alors. Elles peuvent rester ainsi, en attente, des semaines, sans se friper, sans passer par la phase molle de leurs compagnes plus classiques. Sans froisser leur peau en y creusant des ravines.

Les petites chéries noires, marron de pourriture, rouille de fer mouillé, barbues et bubonantes, exposent leurs singularité au su de tous. Comme une peuplade étrangère, très calmement à l’ombre du cellier.

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Avec des peaux tannées comme les cuirs d'une ancienne malle

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Ocelées, grignotées, déjà usées par les premières pluies

 

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Offrant leurs bubons aux regards dans des écrins de cuir.

Les pommes qui refusent de devenir réserves, qui n’envisagent pas le prélèvement des goûters, des compotes et des tartes d’hiver, toutes celles qui ne rêvent pas de devenir tatin, choisissent la voie rétractée. Elles se posent en objet, le temps d’un décor, comme regret le temps d’un symbole.

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Trois temps dans la vie du jardin. Après les fleurs de printemps, aux couleurs de dragées, les fruits étalent leurs orgie . De la vivacité aux tons soutenus, des fruits de fête, un peu stridents, à ceux plus lourds des festins graves.

D’abord acides, rafraîchissantes, des cerises aigres  font venir la salive à la bouche. C’est la fin du mois du juin et le début des promesses.

cerises aigres, acides et fraîche comme un glaçon sur la langue

cerises aigres, acides et fraîche comme un glaçon sur la langue

Elles jouent avec l'ombre des feuilles pour se rendre plus aguichantes encore…

Elles jouent avec l'ombre des feuilles pour se rendre plus aguichantes encore…

A peine quinze jours passés, le monde du jardin a changé. Les oiseaux ont dépecé les cerisiers où ne pendent plus que des noyaux,  dérisoires et noirs, squelettes secs qui n’évoquent plus, même de loin, la petite vermillon.

L’herbe du champs a pris ses tons de chaume, balayée, crissante de courtinières et de grillons. Sous les arbres, les abricots commencent à tomber, meurtris, lourds. Paniers à la hanche, on les cueille avec légèreté, la main en corbeille pour amortir leur chute. Ils tombent au moindre effleurement des branches. La cuisine embaume des premières confitures. C’est vraiment l’été, avec un goût de vacances et d’enfance.

Un peu de buée rose, comme une émotion. la peau est douce, veloutée, promesse de bonheurs sucrés. A l'image des gourmandises qui laissent repus, heureux et sans autre envie que de humer longuement les odeurs de sucre et de jus.

Un peu de buée rose, comme une émotion. la peau est douce, veloutée, promesse de bonheurs sucrés. A l'image des gourmandises qui laissent repus, heureux et sans autre envie que de humer longuement les odeurs de sucre et de jus.

Paniers d’osiers, patience des gitans qui font rouiller leurs joncs au bord de la rivière, fruits de chaleur. Les jours prennent leur temps paisible. Il suffit de se laisser déguster images et parfums, avec paresse.

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Passent encore une quinzaine, le temps de laisser le jardin murir en paix ses secrets de sucre et d’arôme. Et près du mur, ce sont les abeilles qui nous alertent. Elles se grisent dans la chair éclatée des prunes. Elles s’acharnent, paquets nerveux qui vrombissent, armées déterminées de petites ouvrières tout à la joie d’œuvrer sérieusement. Les prunes ont fait leur sucre et leur parfum, elles tendent leur peau et la craquélent sur une chaire boursoufflée et blonde au moindre changement de temps. Une pluie d’orage, vite, ramassons les belles. Demain, sous l’arbre allégé, il flôttera comme un parfum d’alcool levé des fruits piétiné et brunis.DSCN0334

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Le lilas jaune du jardin. Edith Carvell de Lemoine.

Le lilas jaune du jardin. Edith Carvell de Lemoine.

L’insoutenable cruauté du printemps.
Hier, il neigeait. Sur l’herbe du champ, pétales légers des cerisiers.
Et puis, les arbres revenus à leur banalité. Jusqu’au matin suivant où les poiriers on joué les guerriers. Casqués de blancs, troncs avantageux de cohortes en marche, noueuses et bagarreuses.
Ont laissé la place aux pommiers, en une nuit. Effilochés les jours.
Le jardin ne se ressemble pas d’un moment à l’autre. Satiné rebondi d’un cerisier ornemental qui a son heure de gloire en laissant jaillir ses mousses par-dessus la raideur d’une haie. Matins de chat quand la brume sème ses duvets. Le lilas jaune –Edith Cavell de Lemoine ?- lutte sous un ciel violet d’orage.
Déchaînée et hollywoodienne, la végétation surjoue son printemps, entre drame, opéra et romantisme naïf.

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Un peu de brume traîne encore et fond les perspectives

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Les premiers rayons du soleil marchent à petits pas dans l'allée, furtifs ou malicieux dans leur découverte des végétaux qu'ils dévoilent.

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Après ces journées glorieuses, les pommiers vont rentrer dans le rang et préparer en toute discrétion leur seconde entrée en scène de septembre.

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Magritte n'a pas osé le mélange peupliers-pommiers pour son ciel à un nuage

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