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Archive for the ‘Fruits d'hiver’ Category

Au matin, le soleil d'hiver crée des effets d'eau et de lumière dansante entre les branches du tilleul.

Fin janvier. Au moindre rayon de soleil, nous voilà pleins d’espoir.

Le jardin aussi se met à ronronner et à faire le gros dos. Or sur les mousses des murs, rayon biaisé dans les allées, entre les rosiers qui n’ont pas encore été taillés. Danse de guingois des baies, ; celles du cotoneaster qui ont fait le régal du faisan au gros du froid ; celles toute tremblantes de pluie des cynorhodons, ces grassouillets petit gratte-cul des rosiers sauvages.

Les fragiles commencent à avoir l’air bête, pelotonnées dans leurs fourrures de taille de gazon et de voiles. La rangée des artichauts prend des airs de ruisseau encagé, l’olivier joue les fantômes et Line Renaud garde bravement ses feuilles malgré le gel, ses jeunes racines bien au chaud dans le compost.

Il y a comme un friselis de fièvre entre le champs et le jardin, de longs conciliabules de chattes, des cris dans la mangeoire aux oiseaux.

Pas encore de hérisson en vue.

Les quelques baies du cotoneaster que le faisan n'a pas encore mangées. En une heure, il est capable de dénuder deux ou trois pieds à la fois.

Les fruits replets du rosier sauvage servent à nourrir mésanges et verdiers. Ils tendent joyeusement leurs décorations de Noël dans le jardin un peu terne.

Les fantômes attendent qu’on les démaillote

Les artichauts devront attendre encore un peu: leurs jeunes pousses craignent les coups de froid traitres de la nuit. Les voiles sont retenus par de gros rondins, seuls à être assez lourds pour résister au vent.

Le petit olivier a bénéficié d’une double protection : voile pour les branches et compost pour le pied. Il semble fragile. C’est la seconde fois qu’il repart du pied à la fin de l’hiver. Le gros olivier, âgé de plus de trente ans, n’a jamais droit à ces précautions.
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A peine installées sur les rayonnages du fruitier, les pommes commencent leur migrations. La plupart s’installent dans le calme, au cœur de cette bibliothèque silencieuse qui sent le fruit à pleine goulée, à grandes respirations. Elles y somnolent sans bouger, parfois saccagées par le passage d’une souris.

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Un regard dans un océan de noir

D’autres entament une curieuse mutation. A la recherche d’une vie foisonnante, pastillée de couleurs sombres, de matières nouvelles. Les pommes font leur mutation, dans le rouille, le plus souvent, avec des barbes et des ocellés de moisi. Dans le noir, plus rarement, dévolue à la matière cuir, bravement lustrées et craquelées comme un vieux sac de voyage. Pour ouvrir un œil rond, plongé dans un océan de noir intense.

Plus tout à fait fruit, pas encore abîmées, elles semblent oublier leur chair croquante pour se concentrer exclusivement à leur emballage. Peau tannée, entre cuir et pierre de silex, entre marbre poli et bronze, elles inventent des coloris de bleu en surface de leur cuvette. Autour de l’étoile résidus d’étamines, un éparpillement d’astres.

Et plus rien ne bouge alors. Elles peuvent rester ainsi, en attente, des semaines, sans se friper, sans passer par la phase molle de leurs compagnes plus classiques. Sans froisser leur peau en y creusant des ravines.

Les petites chéries noires, marron de pourriture, rouille de fer mouillé, barbues et bubonantes, exposent leurs singularité au su de tous. Comme une peuplade étrangère, très calmement à l’ombre du cellier.

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Avec des peaux tannées comme les cuirs d'une ancienne malle

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Ocelées, grignotées, déjà usées par les premières pluies

 

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Offrant leurs bubons aux regards dans des écrins de cuir.

Les pommes qui refusent de devenir réserves, qui n’envisagent pas le prélèvement des goûters, des compotes et des tartes d’hiver, toutes celles qui ne rêvent pas de devenir tatin, choisissent la voie rétractée. Elles se posent en objet, le temps d’un décor, comme regret le temps d’un symbole.

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