Les frémissements. Une feuille qui se déplie, une brouillard couleur mousse pour filtrer le soleil dans les branches des bouleaux. Le premier coussin de primevères et la première coupe de tulipe aussi translucide et soyeuses que les vases d’Emile Gallé.
Et tout à coup la folie, la danse, l’émerveillement des milliers de flocons, légers comme l’air, d’une fragilité d’un papier de soie japonais. Tout le jardin exulte, blanc et rosé, doré au début et à la fin du jour. Chacun se rêve des voyages au bout du monde jusqu’au fond du clos. L’air pétille d’envies et d’envols.
Quel bonheur!

Les bouleaux, encore endormis, accrochent les nuages pour s'habiller.

Les promesses en coussins colorés

Les Lorrains reconnaissent les épaisseurs de la pâte de cristal et les rondeurs pansues des coupes de Gallé.

Les poiriers, bénis des dieux. Les premiers à oser ouvrir vers le soleil un œil blanc pur ponctué des minuscules pastilles noires de leur bout d'étamines.

Cette jolie fritillaire meleagris, appelée aussi œuf de pintade, pousse spontanément dans les bas humides. Normalement, elle préfère les prairies. Chez nous, elle a élu domicile et s'y reproduit abondamment dans un petit bosquet. Pour lui ménager des clairières, nous allons souvent élaguer et nettoyer les ronces et autres mangeuses de lumière.

Et puis voilà que le saule se met à mousser. En vert tendre, il colorie le clos et envoie des bigoudis se balader dans tous les sens. A travers les cils de ses branches, on aperçoit la praire et les alignements de poiriers qui attendent sagement la fin de sa métamorphose.
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